Avant Marcel Proust, Johannes Vermeer n’était jugé que comme un des nombreux
bons peintres de l’école de Delft, au même titre que Hooch ou Fabritius.
Eugène Fromentin en avait vu les œuvres, mais le peu de notices à son propos
l’avait un peu découragé.
Proust connut Vermeer grâce au critique d’art Louis Vaudoyer et eut un véritable
coup de foudre ; il écrivit alors l’une des plus belles pages de la littérature où le
regard et la plume, la peinture et l’écriture se rencontrent : la mort de l’écrivain
Bergotte.
Bergotte est l’un des “alter ego” de Proust dans A la recherche du temps perdu et il
meurt en caressant des yeux le célèbre “pan de mur jaune” de la Vue de Delft.
C’est, selon moi, l’une des réflexions les plus touchantes sur la vie et sur la mort
dans la culture universelle. Un souffle d’éternité dans un petit détail.