En cette période de confinement, nous faisons preuve d’imagination pour maintenir une vie sociale et familiale à la hauteur de nos espérances. Les grands-parents souffrent parfois de ne plus voir leurs petits-enfants alors que les parents sont à cours d’imagination pour distraire et relaxer leur progéniture.
Un article trouvé sur le net m’a mis la puce à l’oreille : un cercle de comédiens italiens, qui faute d’honorer leur spectacle destiné aux enfants l’ont décliné en tête à tête au téléphone. Leur spectacle télévisé reprenait les Histoires au téléphone de Gianni Rodari, un classique italien de la catégorie jeunesse.
Écrit vers 1960, il fut traduit en français par Roger Salomon. Gianni Rodari reconnut pour son génie littéraire connait bien les enfants et le monde éducatif. Il a ce talent unique de se mettre à la portée des enfants (à partir de 6 ans) en leur offrant des fables répondant à leur imaginaire et jouant avec leurs propres émotions. Le style est poétique, imaginatif et fantaisiste. Gianni Rodari aurait fait un centenaire en octobre de cette année. L’intégralité de son œuvre fut récompensée par le prix Andersen en 1970.
Voilà commence cette joyeuse épopée
“Il était une fois… un certain monsieur Bianchi, de Varèse, en Lombardie. Il était représentant de commerce et parcourait six jours sur sept l’Italie toute entière, du Nord au Sud et d’Est en Ouest, pour vendre des produits pharmaceutiques. Le dimanche, il revenait chez lui et le lundi matin, il repartait. Mais avant son départ, sa fille lui répétait toujours :
– Je t’en prie, papa, n’oublie pas : tous les soirs, une histoire !
Car cette petite fille ne pouvait s’endormir sans qu’on lui raconte une histoire, et sa maman lui avait déjà raconté au moins trois fois toutes celles qu’elle savait. C’est ainsi que chaque soir, où qu’il se trouve, à neuf heures précises, monsieur Bianchi appelait Varèse au téléphone et racontait une histoire à sa fille.
Ce livre contient précisément les histoires de monsieur Bianchi. Vous verrez qu’elles sont un peu courtes : forcément, que voulez-vous, ce monsieur payait le téléphone de sa poche et ne pouvait téléphoner trop longtemps. Quelquefois seulement, lorsqu’il avait fait de bonnes affaires, il se permettait quelques « unités » en plus. On m’a dit que, quand monsieur Bianchi appelait Varèse, les demoiselles du Central suspendaient toutes les autres communications pour écouter ses histoires.
Vous n’aurez pas fini d’être surpris en connaissant les pays visités par Giovanninno Perdigiorno, la minuscule Alice Cascherina, les personnages anti-conformistes, les évènements imprévisibles et les avenues pavées de chocolat, et tant d’autres personnages haut en couleur et évoluant dans des lieux magiques.
Une conversation en tête à tête avec les personnages !
Il s’agit d’une initiative de Campsirago Residenza pour aider les familles avec enfants et leur offrir une activité spéciale en ces semaines difficiles. Histoires au téléphone devait être présenté à partir du 7 mars sous forme de jeu télévisé impliquant tous les artistes de Campsirago Residenza. Elles n’ont donc pas été créées spécifiquement pour cette situation d’urgence, mais se révèlent être réellement réadaptées, précisément en raison de la physiologie du livre de Rodari, conçu par l’auteur pour être lu au téléphone.
L’interaction avec les enfants prend encore plus de valeur : l’appel téléphonique n’est pas seulement une écoute d’une personne qui parle, mais se caractérise par un échange, un dialogue, rendant ainsi la situation ludique. Les enfants ne sont généralement pas habitués à utliser le téléphone et avec cette expérience, ils expérimentent en parlant à un personnage qu’ils ne connaissent pas et qui joue avec eux. Les éléments clés de la lecture sont en fait l’implication et le jeu.
Ce n’est donc pas comme entendre un acteur qui lit à la radio, mais c’est une conversation en tête-à-tête entre l’actrice ou l’acteur et l’enfant. Le groupe Campsirago Residenza se joue des tours de Rodari pour apprendre aux enfants à inventer des histoires, exprimées dans sa propre grammaire de la fantaisie. Pour le spectacle, la réalisatrice Anna Fascendini avait travaillé sur le texte créant une dramaturgie et une structure sous la forme d’un jeu à partir de certains des stratagèmes de l’auteur. Désormais il est réadapté “au téléphone” pour offrir, en cas d’urgence, un service aux familles avec enfants.
Tous les parents intéressés peuvent réserver pour la lecture d’une histoire au téléphone pour leurs enfants en italien ou en français (certains de nos comédiens sont francophones). Compter environ 20 minutes pour le spectacle. Écrire à info@campsiragoresidenza.it et en indiquant le numéro de téléphone auquel l’un(e) des comédien(ne)s appellera à l’heure fixée.
Le monde du spectacle est fortement touché par la crise, beaucoup de spectacles ont été annulés et les salles ne sont pas prêtes de rouvrir. Il est gentiment demander au parents de soutenir financièrement ce projet en apportant une contribution par virement bancaire ou PayPal.
Informations: https://www.campsiragoresidenza.it/notizie/le-favole-al-telefono-al-telefono-2/
Campsirago Residenza est un centre de recherche et de production théâtrale basé à Colle Brianza. A partir du théâtre, il a étendu son travail à d’autres arts de la scène – performances spécifiques au site, marionnettes, théâtre de danse, musique de scène – explorant les langages du contemporain et la relation entre l’artiste, le spectateur et le paysage.
Les sociétés résidentes permanentes sont ScarlattineTeatro, Pleiadi, Riserva Canini et Stradevarie.
https://www.campsiragoresidenza.it/campsirago-residenza/
Giulia Castelnovo Bureau de presse de Campsirago Residenza T. 327 209 10 89 | M. ufficiostampa@campsiragoresidenza.it
Le livre existe en version française, format poche, €10,90
Histoires au téléphone, Gianni Rodari, traduit en français par Roger Salomon, 252 p, Hibouk.La joie de lire, 2012.
Philippe Ferrand