Chers Français d’Italie,
Mes chers compatriotes,
Comme ces deux dernières semaines, je tenais à vous tenir informés des derniers développements en Italie et en France et à maintenir ainsi le lien avec notre communauté.
En Italie, le triste cap des 10 000 morts du coronavirus a été dépassé samedi et 27 provinces comptent désormais plus de 1 000 personnes contaminées ou ayant été contaminées. Epicentre de la pandémie, vivant sa quatrième semaine de confinement généralisé, l’Italie précède la France de douze jours en termes d’évolution du nombre de décès, de cas déclarés ou d’hospitalisation en thérapie intensive. C’est la raison pour laquelle la France suit avec autant d’attention la situation italienne.
Malgré cette situation dramatique, sont apparus depuis quelques jours des signes encourageant prouvant l’efficacité des mesures restrictives adoptées : ralentissement de la progression quotidienne du nombre de cas totaux continue depuis le 20 mars (avec un taux passé de +10% en moyenne nationale le 20 mars à +4% le 31 mars, et même +2,5% en Lombardie), tassement du nombre d’hospitalisation en thérapie intensive. Autant d’éléments qui laissent penser qu’on pourrait se rapprocher du pic, lequel sera plus probablement un plateau et connaîtra évidemment différentes déclinaisons régionales, voire provinciales.
La perspective de ce rapprochement du pic de l’épidémie ne doit pas conduire à un relâchement de nos conduites, au reste sanctionnées de plus en plus fréquemment et strictement par les autorités italiennes. Plus que jamais chacun doit rester à la maison pour garantir un retournement de tendance durable, qui seul favorisera un dé-confinement dans les meilleures conditions. Dé-confinement qui n’est pas encore à l’ordre du jour mais qui pourrait se faire progressivement, selon les régions, selon les activités voire peut-être même dans certains cas, selon les tranches d’âge. Ce sera un enjeu majeur en Italie comme ailleurs car la crise économique et sociale découlant de la crise sanitaire sera d’autant mieux contenue que la sortie du confinement sera bien préparée et efficacement mise en œuvre. Le gouvernement italien vient de proroger les mesures restrictives en vigueur jusqu’au 13 avril.
En attendant, le gouvernement italien continue de prendre d’importantes mesures économiques et sociales pour limiter les effets de la crise.
Economiquement, un paquet de mesures -qui pourraient représenter jusqu’à 50 milliards d’euros – sera prochainement adopté, avec notamment la suspension de l’impôt sur les sociétés pour les entreprises de moins de dix millions de chiffre d’affaires (CA) souffrant d’une forte baisse de leur CA, et des mesures supplémentaires de soutien aux familles. S’y ajoutent le renforcement des mécanismes de garantie aux entreprises via le système bancaire ou la CDP (équivalent italien de la Caisse des Dépôts et Consignations) ou encore un crédit d’impôt égal à 60% de leur bail commercial pour les commerçants et artisans.
Socialement, afin de répondre à une recrudescence de la pauvreté, en particulier dans le Sud, le gouvernement a anticipé le 28 mars l’abondement d’un fonds de solidarité communal de 4,3 milliards d’euros destiné aux dépenses sociales urgentes des communes. S’y ajoute une ligne de 400 millions d’euros –toujours pour les municipalités- afin de distribuer des bons alimentaires et d’achat de produits de première nécessité. Il y aurait en Italie aujourd’hui 2,7 millions de personnes ayant besoin de faire appel à l’aide alimentaire.
En France, la situation se dégrade tout aussi rapidement même si l’ouest du pays semble encore assez épargné. On a dépassé les 4 500 morts et atteint plus de 59 000 personnes contaminées ou ayant été contaminées. Les hôpitaux de la région parisienne et du grand Est sont sous pression et doivent envoyer certains malades gravement atteints dans les hôpitaux de l’ouest.
D’importantes mesures de soutien ont aussi été prises : mobilisation de l’Etat à hauteur de 300 milliards d’euros pour garantir des lignes de trésorerie bancaires rendues nécessaires par l’épidémie, aide de 1500 euros pour les plus petites entreprises, les indépendants et les professions libérales les plus touchés, délais de paiement des échéances fiscales et/ou sociales, maintien de l’emploi dans les entreprises par un dispositif de chômage partiel simplifié et renforcé, pour ne citer que les principales.
Nos deux pays sont donc plus que jamais liés par cette crise inédite. Ce rapprochement se manifeste en particulier dans notre approche européenne. Le Président de la République a ainsi adressé avec le président du conseil italien et le président du gouvernement espagnol, ainsi que six autres chefs de gouvernement européens, une lettre au président du conseil européen, Charles Michel, dans laquelle ils appellent à une plus grande solidarité européenne en matière sanitaire et budgétaire, au moyen soit d’une capacité d’endettement commune soit d’une augmentation du budget européen, afin de soutenir les pays les plus touchés par cette crise. Les neuf signataires appellent aussi à une meilleure anticipation et coordination des mesures de sortie de crise et à une réduction, à terme, de notre dépendance à l’égard de produits stratégiques, en particulier pour les médicaments et les équipements médicaux. Le président Macron s’en explique dans l’interview qu’il a accordé à trois grands quotidiens italiens le week-end dernier, que je vous ai fait parvenir lundi.
Dans ces conditions toujours aussi difficiles pour nous tous, l’ambassade, les consulats généraux et tous les services publics français présents en Italie restent plus mobilisés que jamais avec vos élus pour accompagner la communauté française dans ses activités ou ses difficultés.
Les conseillers du commerce extérieur jouent pleinement leur rôle d’appui aux pouvoirs publics dans cette période difficile et sont des relais essentiels pour le tissu économique français en Italie. Le dynamisme du « Club Santé » (qui regroupe les entreprises présentes dans les industries pharmaceutique et de la santé) permet à l’ambassade d’avoir la meilleure perception possible de la situation de ces industries en Italie.
S’agissant de vos activités, le bureau de Business France à Milan a mis en place depuis le 30 mars un service téléphonique et courriel de réponse de premier niveau pour les entreprises françaises qui souhaitent bénéficier des dispositifs publics de soutien et poser des questions de tous ordres (mise en place des soutiens aux entreprises, chômage partiel, procédures d’aides diverses, problèmes d’importation en Italie…). L’idée est de donner des réponses de base lorsque c’est possible mais surtout d’orienter les demandeurs vers l’administration compétente ou vers un professionnel (avocat, commercialista, etc).
La Chambre de commerce et d’industrie franco-italienne a pour sa part créé une plateforme de services spéciale urgence Covid-19, qui permet aux membres de dialoguer, de faciliter les nouvelles relations d’affaires et de s’informer.
Enfin, Atout France a mis en place un point de contact sur les questions relatives au tourisme.
Quant aux éventuelles difficultés que vous pourriez rencontrer, nos trois consulats à Milan, Rome et Naples, en étroite coordination avec nos conseillers consulaires, sont à votre disposition, par téléphone ou par courriel pour vous aider à les surmonter. Leurs sites sont régulièrement mis à jour et apportent dans tous les cas des réponses aux principales questions que vous vous posez. Je vous invite à les consulter. Nous sommes toujours joignables et à votre écoute.
Vous pouvez donc compter sur l’équipe de France en Italie pour vous aider à traverser cette période difficile comme je sais pouvoir compter sur votre sens des responsabilités et de la solidarité.
Ensemble, nous surmonterons cette épreuve.
Christian Masset
Ambassadeur de France en Italie