“Portraits à Milan” donne la parole à des francophones ou des francophiles de Milan dont le parcours ou l’expérience, nous ont interpellés. Nous voulons partager avec vous notre rencontre avec ces personnes inspirantes et inspirées.
Camille est la créatrice de la marque TUYO. Arrivée à Milan il y a deux ans, elle profite de ce changement de vie pour créer sa propre entreprise. TUYO propose des accessoires personnalisables (sacs à dos, tabliers, bavoirs, trousses de toilette …) pour bébés et enfants, produits dans une démarche éco-responsable.
Camille, peux-tu nous raconter ton parcours ?
J’ai fait des études de droit à l’Université de Rennes I. Mon master II obtenu, j’ai passé l’examen d’entrée à l’Ecole d’Avocats de Rennes. Après plusieurs stages, j’ai exercé 2 ans en tant qu’avocate fiscaliste dans un cabinet français. Ensuite, on m’a proposé un poste de fiscaliste dans une grande entreprise française à Paris, dans lequel je suis restée 5 ans. Avec mon mari, nous avions envie de quitter Paris après la naissance de notre premier enfant. La maternité a fait ressortir beaucoup de choses. Je m’étais toujours posé des questions sur mon avenir professionnel et j’ai souvent dit que je ferais plein de choses différentes, que je lancerais quelque chose. Lorsque l’entreprise de mon mari lui a proposé de partir vivre à Milan, nous avons sauté sur l’occasion. C’était le bon moment puisque mon fils avait alors 1 an, et que mon entreprise me permettait de travailler 4 mois dans leur filiale à Milan. J’ai ensuite suspendu mon contrat et pendant ma deuxième grossesse et mon congé maternité, je me suis lancée dans l’aventure TUYO.
Viens-tu d’une famille d’entrepreneurs ?
Pas du tout. Mes parents ont fait carrière dans la même entreprise. Mais, avant même que l’entrepreneuriat ne se démocratise, j’avais déjà cette envie. Lorsque mon mari a eu une proposition au Chili, je me voyais déjà ouvrir une boulangerie-pâtisserie alors que je ne suis pas une grande cuisinière ! De plus, mon diplôme ne s’exportant pas très facilement puisque je suis spécialisée en fiscalité française, une aventure à l’étranger signifiait “se réinventer professionnellement ”. Cela ne m’a jamais vraiment fait peur de changer de voie car je me disais que je ne serais pas avocate toute ma vie et pour être honnête, il a fallu que je quitte la France. A Paris, je ne m’en sentais pas le courage : j’étais dans une situation confortable avec des horaires qui me permettaient d’aller chercher mon fils à la crèche, et puis le niveau de vie dans cette ville exigeait aussi qu’on travaille tous les deux. Du coup, j’avais un peu peur de me lancer. Alors quand le départ à Milan s’est concrétisé, deux choix s’offrait à moi : soit je repassais une équivalence, ce dont je n’avais pas envie, soit je créais mon entreprise. Partir à l’étranger a donc été le déclic.
Pour ceux qui ne la connaissent pas, peux-tu nous présenter ta marque ?
TUYO est une marque d’accessoires pour enfants produits dans une démarche la plus éco-responsable possible. Tout n’est pas parfait puisque toutes les matières ne sont pas bio, mais j’essaie de faire le mieux possible, en tout cas à mon échelle, car cela a un coût.
Je souhaite créer des accessoires comme des sacs, des tabliers, des bavoirs, des trousses de toilette… qui plaisent aussi bien aux enfants qu’aux parents. Ce sont des pièces qui ne sont pas trop classiques, avec une touche de fantaisie grâce aux tissus imprimés qui plaisent aux enfants.
L’idée des accessoires pour enfants t’est venue rapidement ou avais-tu d’autres projets ?
En arrivant à Milan, je voulais créer une marque de chaussures pour enfants qui soit accessible, fabriquée en Europe, avec des matières vegan. Or, avec ce cahier des charges, c’était très compliqué et trop cher puisque le prix d’une paire de chaussures atteignait facilement 90-100 €. Il aurait fallu que je renie certains points importants pour moi pour continuer.
Puis, assez vite, l’idée des accessoires pour enfants est apparue car quand mon fils est entré à la crèche à Milan, on nous a demandé une liste d’accessoires avec son prénom. En cherchant, je n’en ai pas trouvé qui me plaisaient. Je me suis dit que finalement “On n’est jamais mieux servi que par soi-même” ! J’ai fait alors faire les prototypes par ma maman qui est très douée en couture. Ensuite, j’ai cherché en France et en Italie des ateliers de fabrication. En France, les ateliers de confection proposaient des prix et un montant de commandes trop élevés. Or, je voulais proposer des accessoires avec un prix qui me semblait juste, en tout cas pour moi. Je ne voulais pas proposer des sacs à 50-60 €. En Italie également, les minimums de commandes étaient trop hauts. Du coup, je me suis tournée vers le Portugal où les ateliers de confection sont plus flexibles, ont un vrai savoir-faire, une proximité, des prix compétitifs et sont gages de qualité. J’ai pu aller visiter les ateliers et notamment voir les conditions de travail. C’était très important pour moi plutôt que de faire fabriquer en Asie.
Pourquoi ce nom ?
TUYO est un clin d’œil à mon mari, Juan, qui est espagnol. Cela veut dire “le tien” en espagnol. Cela sonnait juste puisque je souhaitais proposer des accessoires personnalisables. Et c’est un nom facilement prononçable en italien, en espagnol et en français.
J’ai choisi le nom Tuyo-Mio pour le nom du domaine sur internet (cela signifie “Le tien-Le mien”) car le nom de domaine TUYO était déjà pris.
Où puises-tu tes inspirations ?
C’est un peu cliché mais je puise mes inspirations auprès de mes enfants. Je propose des produits dont mes enfants ont besoin, avec des couleurs et des motifs qui peuvent plaire au plus grand nombre. Les goûts des enfants s’affirment finalement assez vite !
Je trouve les tissus lors de salons ou grâce à Internet. J’aime beaucoup travailler la gaze de coton qui est un tissu très doux, très fin avec un joli tombé froissé-gaufré. Pour les enfants, c’est parfait. Les tissus sont tous Oekotex, certifiant qu’ils ne contiennent pas de produits chimiques nocifs pour la santé. Je vais également très bientôt proposer des tissus certifiés bio (GOTS).
En ce qui concerne les collections, il n’y a pas vraiment de saisonnalité pour les accessoires pour enfants. Un sac peut être utilisé toute l’année voire même transmis aux frères et sœurs sauf s’il est personnalisé, ce qui est bien pratique notamment à la crèche ou à l’école. Je fonctionne plutôt par coup de cœur. Quand je vois un tissu, j’essaye de l’associer avec une couleur de gaze de coton ou autre et je sors de nouveaux modèles en fonction de cela. Les accessoires peuvent être personnalisés dans 2 sortes de typographie et 3 couleurs au choix.
Tu es membre Premium de l’association ce qui signifie que tu offres des avantages aux adhérents. Peux-tu nous en dire plus ?
Les membres de Milan Accueil bénéficient de -15% sur toute la boutique. Ils peuvent me contacter via le site internet ou le compte Instagram. Mais, je serai ravie de les rencontrer pour une remise en mains propres des produits !
Avant de nous quitter, je te propose “le clin d’œil de l’interview”. Quelle est la question que tu aimerais que je te pose ?
Peut-être que cela pourrait être “Quels sont les avantages et les inconvénients d’une aventure entrepreneuriale?” Pour être transparente, je suis très contente de m’être lancée car cela a toujours trotté dans ma tête de créer quelque chose de A à Z.
Le gros avantage de l’entrepreneuriat est la liberté de travailler selon ses besoins, d’ajuster ses horaires. Par contre, il y a des inconvénients et le contexte sanitaire actuel ne facilite pas les choses. Quand il y a un souci à la maison ou avec les enfants, je suis le “variable”, n’étant pas salariée. Du coup, cette grande liberté que m’offre l’entrepreneuriat peut parfois aussi me peser. De plus, le fait de vendre uniquement sur internet, de ne pas pouvoir proposer des ventes physiques et de ne pas travailler en équipe, n’est pas forcément évident. Je pensais proposer des ventes, aller à la rencontre des gens. C’est ce qui me manquait dans mon ancien travail et je souhaitais mettre plus l’humain au cœur de mon entreprise entrepreneuriale en échangeant avec les mamans et organiser des événements. Je réfléchis donc à m’associer avec quelqu’un pour pouvoir échanger sur l’évolution de la marque et pouvoir partager mes doutes.
Merci beaucoup Camille pour ton partage d’expérience.
J’espère de nouveau te rencontrer pour parler de l’entrepreneuriat (et non entreprenariat ! ), du mentorat, de la confiance en soi, du “syndrome de l’imposteur” ou encore de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
Retrouvez également Camille dans le podcast The French Working Mum épisode 22 “Sortie de rail” où il est question de congé maternité et vie professionnelle. Comment retrouver sa place quand on s’absente pour congé de maternité ou à l’inverse, remplacer une personne quand elle part en congé de maternité ? Quelles sont les implications pour la personne qui s’absente et pour la personne qui la remplace ?
https://www.thefrenchworkingmum.fr/podcast/sortie-de-rails/
Emma Quéau
Vous pouvez trouver les articles de TUYO, accessoires pour enfants personnalisables qui plairont aussi bien aux enfants qu’aux parents sur le site internet et le compte Instagram.
https://instagram.com/tuyo_m.i.o?igshid=7291b6w8corp