Portraits à Milan : Olivier, ‘l’opticien français de Milan’

16 décembre 2020 | Actualités, Dernières news

“Portraits à Milan” donne la parole à des francophones ou des francophiles de Milan dont le parcours ou l’expérience, nous ont interpellés. Nous voulons partager avec vous ces rencontres avec des personnes inspirantes et inspirées.

Olivier est  ‘l’opticien français de Milan’. Il m’a reçue dans sa boutique Ottica DMZ située via Piero Della Francesca 51, tout près du Corso Sempione et de la station Domodossola. C’est toujours un plaisir teinté de curiosité, de découvrir l’histoire de français établis à Milan.

Bonjour Olivier, vous avez ouvert votre boutique à Milan en 2003. Pouvez-vous nous raconter votre parcours avant l’ouverture de cette boutique ?
Je suis un opticien-optométriste français arrivé en Italie en 1995 à l’âge de 25 ans. Je voulais découvrir l’optique d’une autre façon que celle qui se développait en France dans les années 90 et qui commençait à être à mon goût un peu trop commerciale et un peu moins technique, avec notamment l’avènement des grandes chaînes. Étant d’origine italienne, je voulais également comprendre comment était le métier en Italie. J’avais perçu que le côté plus artisanal continuait à se pratiquer ici. Et puis, il y a une autre raison, plus sentimentale : “Vadi dove ti porta il cuore”… puisque j’y ai rejoint la personne qui allait devenir ma compagne ! J’ai eu mon premier emploi à Milan dans un magasin du centre. Il était seulement question de quelques mois mais en fait, l’expérience s’est prolongée deux ans. En 1997, j’ai été engagé pour seconder le propriétaire du magasin où nous nous trouvons. Et en 2003, j’ai repris sa boutique. Il n’est pas parti complètement puisque certaines des initiales du magasin sont les siennes. J’ai préféré les garder car c’était un magasin qui était une référence à Milan, en particulier pour les masques de plongée adaptés à la vue.

Vous avez donc choisi une boutique traditionnelle plutôt qu’une enseigne internationale.
Côtoyer l’ancien propriétaire de la boutique m’a beaucoup apporté. J’ai bien aimé ce côté plus professionnel que commercial. Encore aujourd’hui, c’est quelque chose que je recherche beaucoup, surtout à une époque où nous avons une concurrence en ligne, une concurrence des multinationales. J’estime que c’est une profession où il faut être, d’un point de vue technique, proche non du ‘client’ mais de la personne pour essayer de résoudre son défaut de vision. De plus, il y a quelque chose qu’il faut spécifier. En France, il faut une ordonnance de l’ophtalmologue pour pouvoir bénéficier du remboursement. C’est donc plus pour une question administrative que l’on va d’abord chez l’ophtalmologue et ensuite chez l’opticien pour ‘exécuter’ l’ordonnance. En Italie, c’est différent. On va chez l’ophtalmologue quand on a un problème organique car le professionnel de santé va examiner votre œil ; l’opticien, quant à lui, va essayer de trouver la meilleure solution optique. Beaucoup de personnes vont chez l’opticien et seulement, si besoin, chez l’ophtalmologue. Même si j’ai fait une spécialisation en Optométrie, personnellement, quand je vois qu’il y a quelque chose au-delà de mes capacités et au-delà de ce que je devrais faire, on s’arrête là et je recommande à la personne d’aller consulter un professionnel de santé.

Comment se sont passées les démarches pour obtenir votre équivalence de diplôme ?
J’ai fait la demande en 1992 mais j’ai eu des difficultés pour l’obtenir. En France, on me disait “on est en Europe donc vous aurez l’équivalence en Italie”. Je voulais en être certain donc j’ai fait la demande auprès du ministère de la santé italien. Cela semblait être la première fois qu’ils avaient une demande de ce genre. Le processus était qu’au bout de 6 mois, si nous n’avions pas de réponse, cela signifiait que la demande était acceptée. Or juste avant le terme, je recevais un courrier m’indiquant qu’il manquait un document. Finalement, trois mois avant mon départ en 1995, j’ai reçu mon équivalence et j’ai été reconnu sur le Journal Officiel comme le premier opticien français en Italie. Malheureusement, je crois que ce système d’équivalence est toujours compliqué. En 2015, une jeune opticienne française est venue me voir. Elle voulait suivre son fiancé italien et voulait avoir la certitude d’obtenir son équivalence car les démarches étaient difficiles. Je me suis alors rendu compte que rien n’avait évolué depuis 1995.

Déjà dans les années 70, cette boutique était à la pointe de l’innovation en Italie en proposant des masques de plongée à verres correcteurs. Dans quelle mesure, avez-vous poursuivi sur cette lancée concernant les technologies en optique sportive ?
J’ai repris cette tradition qui venait de mon prédécesseur, passionné de plongée sous-marine. A l’époque, les grands fabricants de masques de plongée ne proposaient pas de solutions aux personnes amétropes c’est-à-dire aux personnes ayant un problème de vision. Il s’est donc spécialisé dans ce domaine. À la fin des années 70, c’était le premier magasin en Italie à proposer des verres collés à l’intérieur des masques de plongée pour adapter la correction visuelle à la personne. La technologie n’a pas tellement évolué. C’est toujours un verre minéral de qualité ophtalmique pour des questions de résistance, de dureté mécanique dans l’eau et collé avec quasiment la même technique.
Concernant les sports en général, en tant qu’opticien et sportif, cela m’embêtait de voir souvent des gens pratiquant leur sport préféré avec leurs lunettes courantes. Un cycliste va dépenser une belle fortune pour son matériel et il va utiliser la même paire de lunettes qu’il a pour aller au bureau. Un skieur va avoir un superbe équipement et va mettre dans son masque de ski ses lunettes normales ! Or, les possibilités techniques et de production ont évolué. Je me suis spécialisé dans cette ‘niche’. Il y a bien sûr la solution des lentilles de contact qui est une très bonne alternative. Mais, certaines personnes ne peuvent pas en porter et tout dépend du confort visuel requis selon les sports. Une défaillance visuelle peut compromettre une prestation sportive et ceci sans être de grands champions ! ‘Optiquement’ parlant, c’est très intéressant parce que chaque œil est différent. Il n’y a pas de standardisation. C’est toujours du sur-mesure. C’est intéressant et satisfaisant de trouver une solution optique pour une personne qui n’y pensait même pas. Malheureusement, il y a des limites techniques de construction. On ne peut pas satisfaire une forte myopie ou une forte hypermétropie mais dans 90% des cas, c’est réalisable.
Pour les masques de ski, il y a eu une évolution. Il existe maintenant des lunettes parfaitement adaptables au visage avec des branches et une assise du nez réglables et elles sont modifiables pour être utilisées toute l’année. D’autre part, la technologie fait que, sur ces lunettes, même si le verre est très courbe, la dioptrie est la même partout. Le verre est vraiment personnalisé puisqu’il y a des mesures à prendre sur le visage. À Milan, je suis devenu, surtout sans aucune prétention, un des magasins de référence. Je comprends la nécessité d’une personne, qui pratique un sport, d’avoir une bonne solution optique.

Avec Milan Accueil, nous avons eu le plaisir de découvrir votre quartier lors d’une visite appelée Il Borgo dei Scigulatt. Que pouvez-vous nous dire sur ce quartier, l’un des plus anciens de Milan ?
C’est un quartier qui est intéressant parce que c’est une rue commerçante très longue. Toutes les activités y sont représentées. Même dans les plus grosses artères de Milan comme le Corso Buenos Aires ou Via Torino, il n’y a pas cette diversité. Ici, on trouve de tout : le petit magasin spécialisé dans l’électricité, les lampes, le mariage, les meubles… avec une ambiance familiale. J’ai relancé avec un voisin l’association des commerçants de la Via Piero della Francesca car en 2005, la rue a été fermée au trafic pour la couverture de la voie ferrée qui partait de Cadorna jusqu’à Bovisa. Nous avons poussé pour que les délais des travaux soient respectés. En 2011, l’association a pris le nom de AscoPier et toute la rue y a été incluse. Cette rue s’étend de la Piazza Gramsci jusqu’à la Piazza Firenze. C’est la seule rue de Milan où il y a une concentration aussi importante de ‘Botteghe storiche’, de boutiques historiques dont mon magasin, qui existe depuis 1965. Cela permet de maintenir une histoire du quartier et de mettre en valeur le commerce de proximité.

Vous êtes un annonceur dans la revue Tam Tam de Milan Accueil et vous proposez un service privilégié aux adhérents de l’association.
Je suis annonceur depuis une vingtaine d’années. J’offre un accueil en français non seulement pour la vente d’une paire de lunettes mais aussi pour l’explication. Recevoir dans sa langue des informations sur le côté pratique et fonctionnel, technique et optique est apprécié. Je dispense gracieusement des conseils et des examens de vue. Et, selon l’achat, je propose une réduction personnalisée sur le prix de vente.

Avant de nous quitter, je vous propose “le clin d’œil de l’interview”. Quelle est la question que vous aimeriez que je vous pose ?
Qu’est-ce-qui me plaît dans cette profession ? De plus en plus, nous sommes amenés à voir des personnes qui doivent travailler par nécessité, qui doivent passer la journée dans une activité professionnelle qui ne leur plaît pas. J’ai la chance de faire un métier qui me satisfait. Tous les jours, quand j’ouvre mon magasin, j’essaye de trouver une solution optique pour une personne et ainsi résoudre son problème. De plus, on est tous des professionnels mais la chose importante est surtout l’après-vente. Elle est importante et gratifiante. Quand une personne nous fait confiance pour sa solution optique mais quand parfois, cette solution n’est pas valable du premier coup, j’approfondis pour satisfaire cette personne. Ce qui me plaît, c’est le côté artisanal, le côté ‘maison’.

Merci beaucoup Olivier pour cet échange passionnant.

Emma Quéau

 

Ottica DMZ, Via Piero della Francesca 51

Lundi 15h30-19h, du mardi au samedi 9h-12h30/15h-19h30

https://www.otticadmz.it/?lang=fr

Téléphone : 0233603865

Email : info@otticadmz

Pour prendre rendez-vous : https://www.otticadmz.it/appuntamento/?lang=fr

 

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